Gérard Chazal nació en 1947 en una familia obrera de la ciudad minera de Saint Etienne, y en homenaje a sus ancestros les dedica este bello poema :
Los hombres de donde yo vengo tenían las manos callosas.
Como callosas las tenían las mujeres de mis primeros horizontes.
Sin embargo esas manos trabajadoras tenían alma,
Y la inteligencia que otorgan las herramientas.
Sólo podían acariciar torpemente
Pero conocían los gestos del amor
Manos de carbón, hierro y tierra revuelta,
Manos de lejías calientes y aguas heladas,
Manos donde los días se escriben en venas azules,
Manos que dan a luz verdades cotidianas,
Manos que sostenían el mundo como se ayuda a un niño
En sus primeros pasos,
Manos donde nacen todas las cosas,
Maestras silenciosas de costumbres y ritos
No siempre había palabras para expresar sus saberes
Pero cada uno de sus gestos descubría alguna belleza del mundo.
Manos tendidas y abiertas
Pero también manos empuñadas dirigidas al cielo.
Con frecuencia golpean las puertas de mi memoria
Y trazan en mi cielo palabras antiguas que me visitan.
En mis sueños, agitan a menudo la noche
Las sábanas rojas de la historia.
Y en sus gestos suaves, en sus dedos que se apartan
Aprendo poco a poco a discernir la esperanza.
(Traducido por María Cecilia Gómez Betancur)
Poema original en francés:
Ils avaient les mains calleuses, les hommes d’où je viens.
Elles avaient les mains calleuses, les femmes de mes premiers horizons.
Ces mains laborieuses avaient pourtant une âme
Et l’intelligence qu’accordent les outils.
Elles ne pouvaient que la caresse maladroite
Mais savaient tous les gestes d’amour.
Mains de charbon, de fer et de terre retournée,
Mains des lessives chaudes et des eaux glacées,
Mains où les jours s’écrivent en veines bleues,
Mains accoucheuses de vérités quotidiennes,
Mains qui tenaient le monde comme on aide un enfant
Dans ses premiers parcours,
Mains d’où naissaient toutes choses,
Professeurs silencieux des usages et des rites
Il n’y avait pas toujours de mots pour dire leurs savoirs
Mais chacun de leurs gestes découvrait quelque beauté du monde.
Mains tendues et ouvertes
Mais aussi mains fermées en un poing dressé contre le ciel.
Elles frappent souvent aux portes de ma mémoire
Et tracent sur mon ciel d’anciens mots qui me hantent.
Elles agitent souvent la nuit, dans mes rêves,
Les draps rouges de l’histoire.
Et dans leurs gestes doux, dans leurs doigts qui s’écartent
J’apprends peu à peu à discerner l’espoir.